Le 16e prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes (2023) a été décerné aux Iraniennes en lutte pour la liberté, à la mémoire de Jina Mahsa Amini.
« Femme, Vie, Liberté ! » Cet appel résonne dans les rues en Iran et à travers le monde depuis la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022 à Téhéran.
L’étudiante de 22 ans, originaire du Kurdistan, avait été arrêtée trois jours plus tôt par la « police des mœurs » parce que quelques boucles de cheveux s’échappaient de son voile. Accusée par les policiers de « port de vêtements inappropriés », elle est emprisonnée, rouée de coups, sombre dans le coma et meurt à l’hôpital.
La nouvelle de sa mort déclenche un mouvement insurrectionnel sans équivalent. Des femmes enlèvent leur voile en public, se coupent les cheveux, manifestent dans les rues. Parti du refus de porter le voile, le mouvement de révolte des femmes contre la dictature islamique est rejoint par les jeunes Iraniens à travers tout le pays. Il ne recule pas malgré la terreur, les tortures, les viols, les condamnations à mort et les pendaisons.
Quand à son arrivée au pouvoir en 1979 l’ayatollah Khomeiny avait rendu le voile obligatoire, les Iraniennes étaient descendues par milliers dans les rues. Simone de Beauvoir avait soutenu leur révolte. En 2009, le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes a été attribué, sur proposition de l’écrivaine Chahla Chafiq, alors membre du jury, au collectif « One Million Signatures » qui avait lancé une pétition pour faire supprimer les lois discriminatoires envers les femmes en Iran. Il s’agissait d’une campagne audacieuse et originale pour « faire avancer l’égalité ». La poétesse iranienne Simin Behbahani avait reçu le prix, à Paris, au nom de ce Collectif.
Chahla Chafiq, qui participait à cette remise du prix 2023, est l’autrice du Rendez-vous iranien de Simone de Beauvoir (2019). Dans cet essai, elle montre l’influence actuelle de la pensée de Simone de Beauvoir dans la lutte des Iraniennes contre l’oppression culturelle et religieuse de l’Etat islamique.
Le cri de révolte « Femme, Vie, Liberté ! » est repris par des dizaines de milliers de manifestantes et manifestants. La révolte des femmes devient le combat de toute une génération pour la liberté : c’est cette extension révolutionnaire que le jury soutient en attribuant son prix 2023 aux Iraniennes, à la mémoire de Mahsa Amini.
Après la cérémonie, un débat a eu lieu à 18h dans l’Auditorium du Monde (Paris) « Femme, Vie, Liberté : Iran, une révolution existentielle ? »
Débat animé par Virginie Larousse, journaliste au Monde, avec Chahla Chafiq, écrivaine et sociologue, Fawzia Zouari, présidente du parlement des écrivaines francophones, Farzaneh Milani, écrivaine et universitaire d’origine iranienne et Sedef Ecer, romancière et dramaturge franco-turque.
The 16th Simone de Beauvoir Prize for Women’s Freedom (2023) is awarded to Iranian women fighting for freedom, in memory of Mahsa Amini.
“Woman, Life, Freedom !” This is the cry that has been resonating in the streets of Iran and throughout the world since Mahsa Amini’s death on September 16, 2022 in Teheran.
The 22-year-old student from Kurdistan had been arrested three days earlier by “the morality police” because a few strands of hair had come loose from her veil. Being accused by the police of “improper clothing,” she was imprisoned and beaten. After falling into a coma, she died in the hospital.
The news of her death has unleashed an unmatched insurrectional movement. Women have been removing their veils in public, cutting their hair, and demonstrating in the streets. Starting with the refusal to wear the veil, the movement of defiance against the Islamic dictatorship has been joined by young Iranians throughout the country. It has not subsided in spite of the terror, torture, rapes, the death sentences and hangings.
When Ayatollah Khomeini came to power in 1979 and made wearing the veil mandatory, thousands of Iranian women took to the streets. Simone de Beauvoir supported their revolt. In 2009, following the recommendation of writer Chahla Chafiq, then a member of the jury, the Simone de Beauvoir Prize for Women’s Freedom was awarded to the collective One Million Signatures, which had initiated the petition to put an end to the discriminatory laws against women in Iran. It was an original and bold campaign to “advance equality.” Iranian poet Simin Behbahani received the prize on behalf of the Collective.
Chahla Chafiq, who is participating in the 2023 prize ceremony, has showed, in a 2019 essay entitled Le Rendez-vous iranien de Simone de Beauvoir, Beauvoir’s renewed and timely influence on Iranian women’s fight against the cultural and religious oppression of the Islamic state.
The motto of the revolt “Woman, Life, Freedom !” has been taken up by thousands and thousands of demonstrators, both women and men. Women’s revolt has now become a whole generation’s fight for freedom. By awarding its 2023 prize to the Iranian women and in memory of Mahsa Amini, the Simone de Beauvoir Prize Jury seeks to express its full support of the widening of the revolt into a revolutionary movement.
A debate followed at 6 pm (18h) at Le Monde auditorium (Paris) ‘‘Woman, Life, Freedom !’’ Iran : an existential revolution ?
With Chahla Chafiq, writer, sociologist ; Fawzia Zouan, president of the Parlement des écrivaines francophones ; Farzaneh Milani, Iranian-born American scholar, author, poet, translator, and educator ; Sedef Ecer, Franco-Turkish novelist and playwright. Moderator : Virginie Larousse, journalist, Le Monde.
Simone de Beauvoir 2023 Prize for Iranian Movement "Women, Life and Freedom !"
EMMA - Vive les femmes iraniennes !
Il premio De Beauvoir 2023 alle donne iraniane, ma la repressione continua • Diritti Globali
RCJ - Le prix Simone de Beauvoir 2023 aux Iraniennes - RCJ (radiorcj.info)
Solidarité avec les peuples Irasylnien et Kurde. – Info Libertaire
Interview de Chahla Chafiq par Bia Azaree, Radio Iran International